samedi 28 juillet 2007

Où Future Patiente s’en va-t-en guerre, Mironton, mironton, mirontaine...

La levée des troupes

Le 1er mai de bon matin, la princesse N et son Fiancé roulent en direction d’Ahuntsic sur mer. Devant mon minuscule château, je les accueille de mon meilleur sourire, petite mallette de chirurgie d’un jour à la main.


Pas trop nerveuse? s’enquiert la dauphine en déposant un bec sonore sur la joue maternelle, tandis que Fiancé chasse d’un baillement les résidus d’un sommeil écourté. Le trajet vers l’hôpital est mis à profit pour récapituler les trois étapes à l’ordre du jour:

1. Harponnage en radiologie;
2. Injection d’un liquide bleu pour identifier le ganglion sentinelle en médecine nucléaire;
3. Tumorectomie et exérèse du ganglion sentinelle en chirurgie.

Une fois enfilées les deux jaquettes bleues, coquettement assorties à mes sandales de cuir de l’époque post-post-hippie, je défile devant Princesse N et Fiancé, lesquels commentent mon allure séduisante en pouffant.

Puis, Sainte Infirmière m’offre un plateau où trônent un Ativan et un verre contenant une demie-gorgée d’eau : c’est pour le harpon précise-t-elle.

Faisant fi de mes protestations (c’est pas un ptit Ativan qui va m’empêcher de marcher, etc., etc…), on m’asseoit dans un fauteuil roulant et je suis conduite en radiologie. Princesse N et Fiancé trottinent au pas de course derrière le préposé, un géant aux enjambées de sept lieues.

Le harpon
Je suis hissée vers le plafond sur la table trouée de la biopsie du 2 avril. Oui, celle-là même où toute velleité de conserver sa dignité s’avère perdue d’avance. Je synthonise donc le mode auto-dérision et me trouve immédiatement ridicule et hilarante.

Après anesthésie locale et suivant l’image agrandie à l’écran, le radiologue introduit une aiguille dans mon sein droit avec un petit crochet à son extrémité, appelé le harpon. Il s’agit d’un morceau de métal que je fixe sur le site de la tumeur, en vue de guider la chirurgienne tantôt, m’explique-t-il obligeamment..

Le harpon sera retiré à la chirurgie en même temps que la lésion cancéreuse. (Bonne affaire: je me vois à l’aéroport, menottée par le douanier au sortir du rayon X : Aaaah-HA! On cache une micro-caméra en son sein pour faire de l’espionnage industiel et on pense que je ne saurais voir???! ).

Aille, léger pincement. Sensation d’être une baleine harponnée par un navire contrebandier, dont le capitaine, véreux et moustachu, ressemble aux méchants dans Tintin. Il me vendra assurément, découpée en morceaux, dans un port malfammé, entre deux cornes de rhinocéros et des testicules de gorilles. (Cher le kilo j’espère). Ai vu ça à Thalassa sur TV5.

Ainsi harponnée, on m’installe sur une civière roulante pour m’expédier, séance tenante, vers la prochaine étape de la chaîne de montage.

On reconnaît l’ennemi à son uniforme bleu

La baleine doit ensuite être préparée en vue de l’exérèse du ganglion sentinelle. Je vous ai raconté, je crois, qu’il s’agit du premier d'une chaîne de ganglions sous l’aisselle. Il reçoit du liquide lymphatique provenant de la région de la tumeur et le fait circuler, en passant par les autres ganglions, vers les organes du corps. Il s'agit donc du premier ganglion qui sera contaminé par les cellules invasives du cancer du sein tôt ou tard, si on leur en laisse le temps.

On identifie ce ganglion grâce à un liquide bleu radiocatif, on le retire et on l’envoie analyser en pathologie. Un résultat négatif confirmera que le cancer ne s’est pas encore propagé aux ganglions. S’il est positif, seconde chirurgie en vue et retrait de tous les ganglions sous l’aisselle (mais alors là, bonjour l’angoisse : le liquide lymphatique pourrait déjà avoir propulsé les cellules cancéreuses vers d’autres organes).

Voici donc Baleine harponnée passant entre deux grandes portes étiquettées: Médecine nucléaire- Strictement réservé aux personnes autorisées. Impressionnée par la seule dénomination de ce département, elle sent planer un inquiétant mystère. Va-t-on la faire voyager dans le temps et l’espace, engouffrée dans une cabine aseptisée, sous l’œil de scientifiques revêtus de combinaisons en aluminum? Puis-je à tout le moins indiquer mes préférences au chauffeur? se dit-elle.

Paris, 1943, Café de Flore, s’il-vous-plaît: toujours rêvé de prendre un allongé avec Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre en causant existentialisme. Ou mieux encore: figurer, anémique, blasée et revêtue de noir, dans les Mémoires d’une jeune fille rangée.
Plutôt que mes écrivains fétiches penchés sur leurs plumes, apparaît un chirurgien inconnu (il le restera). Brandissant la pointe de sa seringue en guise de salutation, il s’empresse de m’injecter illico un colorant bleu et une substance temporairement radioactive, directement dans le tissu entourant la tumeur.

La douleur est inattendue et cuisante: une exclamation de surprise m'échappe. Bon, admettons-le : je crie au meurtre. Ce chirurgien est un complice contrebandier du baleinier radiologue, à n’en pas douter. Je cherche désespérément une caméra de Green Peace ou un représentant de la SPCA: rien à l’horizon. C’est dans l’indifférence la plus complète des habitants de la Terre que je subis cet outrage. Heureusement, j’avais préalablement envoyé Princesse N et Fiancé petit-déjeûner à la caféteria, leur épargnant cet épineux épisode.

Le co-lo-rant et la substance ra-dio-ac-tive vont être ab-sor-bés par les vais-seaux lym-pha-ti-ques et cir-cu-le-ront, d’ici dix minutes, jus-qu'au pre-mier gan-glion au-dessus de la tu-meur can-cé-reu-se. On lo-ca-li-se-ra ainsi le gan-glion sen-ti-ne-lle à pré-le-ver, précise le bourreau, articulant comme si j’étais une demeurée. (La torture moderne se veut didactique).

ACH’VEZ-VOUS? l’interrompt une voix que je reconnais comme la mienne, version suppliciée de Gantanamo. Dans un élan de compassion subit, le bourreau retire sa seringue bleue. Ou peut-être avait-il simplement terminé?

On me roule vers une autre salle, le teint vert et reprenant mon souffle (Mémo à Sainte Infirmière : cinq Ativan la prochaine fois!).

Je suis ensuite déposée sur un plateau et drapée du côté gauche d'une lourde cape isolante. Le plateau est actionné et se met à avancer vers un trou de beigne géant, dans lequel je suis insérée. Un dispositif spécial de balayage permet de localiser le ganglion sentinelle, qui émet des radiations grâce au liquide radioactif, explique la technicienne, une jolie blonde à tresses. Je souris en regardant les bermudas décontractés dépassant sous son sareau.

(De nouveau, sensation d’être une voiture dans un car-wash futuriste. Petit ganglion bleu, la sentinelle, se met à clignoter : Tic-tic-tic! C’est ici que se cache l’ennemi!).

Tresses Blondes me souhaite bonne chance et autorise le préposé à me rouler vers le lieu sacré, le temple divin où seront sacrifiées les cellules maudites: la salle d'op.

Où l’on accède au champs de bataille

Dans l’antichambre de la salle d’op, une nouvelle mais tout aussi sainte infirmière me fait avaler une version améliorée ultra-puissante de l’Ativan du matin. Je me mets rapidement à divaguer et à trouver absolument charmants tous les petits détails qui m’environnent, depuis le store vénitien en vinyle beige, jusqu’au préposé bedonnant tripotant sa moustache. Lorsqu'on m'affuble de l'élégant bonnet bleu de papier, je suis transportée de joie et m'écrie - Ooooh! Merci! avec effusion.

Soudain, une idée géniale éclaire mon cerveau brumeux: je dois parler à la docteure LB, ma chirurgienne, avant d’être endormie! Je lui proposerai le marché suivant : en cas d’absolue nécessité de procéder à une mastectomie complète (ablation de tout le sein) si jamais il y a ampleur insoupçonnée des ravages du cancer à l’intérieur, je demeurerai une Gentille Patiente à la condition qu’elle ne l’enlève pas aujourd’hui, mais lors d’une deuxième chirurgie. Demain s’il le faut, mais je veux un délai.

Je récite : pas-aujourd’hui-pas-aujourd'hui-pas-aujourd'hui comme un mantra pendant quelques minutes, obnubilée par ce coup de génie.

Puis, je me mets à clamer à quiconque circule à proximité de ma civière : S’il-vous-plaît! Je dois voir la chirurgienne tout de suite! S'il-vous-plaît, appelez la docteure B d’urgence!

Quelques saintes infirmières s'approchent et me parlent doucement en me tapotant la main: elle n’est pas arrivée, vous la verrez tantôt, soyez sans crainte… Avant d’être endormie? articule drôlement ma bouche engourdie. Oui-oui, on va le lui demander. Non-non, on n'oubliera pas.

Rassurée, je me calme. Quelques instants plus tard, l’Ativan ultra-puissant poursuivant son œuvre, je ne suis plus certaine d’avoir vraiment bien exprimé mon idée. Rongée par le doute, je recommence: S'il-vous-plaît! Je dois voir la chirurgienne tout de suite! Il faut que je parle à la docteure B! D’urgence!

Re-tapotement de la main, réitérations de la promesse de quérir la docteure B à mon chevet avant l’anesthésie générale. Rassurée, je replonge en méditation médicamenteuse, jusqu'à ce que l’incertitude d’avoir transmis mon idée fixe me reprenne. Et ainsi de suite, sans que jamais personne ne hausse le ton à mon égard. Des saintes, je vous dis.

On me roule enfin à l’intérieur de la salle d’op, où m’attend toute une armée de bonnets verts masqués et gantés. Je tente de repérer les yeux de la docteure B, mais sans succès. De plus en plus engourdie, ma bouche réclame faiblement un entretien avec la chirurgienne. J’entends l'infirmière traduire mon propos inintelligible à l’anesthésiste: elle veut absolument parler à la docteure B avant que vous l’endormiez…
Branlebas dans la salle d’op, une porte s’ouvre, se referme, et se réouvre : apparaît enfin l’héroïne du jour: mesdames et messieurs, la seule et unique, la docteure B en chair et en os! Masquée sous son bonnet vert, elle se penche vers moi, telle une mère sur un berceau.

Au prix d’un effort inouï d’élocution, je parviens à lui proposer mon marché : Mais si votre vie est en jeu...commence-t-elle, puis elle se ravise et ajoute: D'accord, mais je ne peux vous promettre de ne jamais l'enlever.... J’insiste : juré-craché que vous ne l’enlèverez pas aujourd’hui? Elle promet. Du coup, la docteure B et moi, on est copines à vie. Qu’on ne médise point sur son sort de mon vivant!

Je conserverai mon sein droit pour aujourd’hui. Il s’agit d’une victoire capitale, chèrement gagnée, et plus rien ne me tracasse. Allez, vaillants soldats! Qu’on m’endorme maintenant!

Minou-Bébitte m'attend

Quelques heures plus tard, en salle de réveil, j’ouvre les yeux sur le sourire de ma sœur cadette. Comme je l’aime ma petite sauterelle. Et comme c’est étrange, ses yeux émeraudes virent au turquoise en vieillissant.


Image: Chantal Bourgeois, Chute
Carnet Urbain 2006,

dimanche 15 juillet 2007

My name is not Jack Bauer

Où s'achève enfin le 16 avril.

J'entends les lèvres rouges, lovée dans ma chaloupe de bois dormant.

- Vous savez, il est beaucoup plus probable que vous n’ayez pas besoin de chimiothérapie. On n’en est pas rendus là…

J'ouvre un oeil, estime que ces mots justifient un certain optimisme, et consent à m’éveiller de mon sommeil centenaire.

Pas rendus là? Fallait le dire! J’achète çà sans lésiner et bondis sur le quai tandis que la chaloupe retourne se fondre dans le mur.

Avez-vous d'autres questions?

Des milliers. Toutefois, sans vouloir vous vexer, ajournerions volontiers l'audience. Soupir ostentatoire, regard soutenu en direction de l'horloge. Pas pour aujourd'hui merci.

Je prends congé de la docteure B comme d’un professeur qui a prolongé la classe au-delà de la capacité d’attention des élèves. On se fait une petite révision de la matière au prochain cours? Et hop me voilà dehors avant la cloche.

Épilogue de l'épisode du 16 avril XXXX:

My name is not Jack Bauer.

But today was the longuest day of my life.
Où Future patiente répand la nouvelle et où les Apôtres n'y comprennent goutte.
Bon. Annoncer mon cancer du sein maintenant. D'abord la famille.

La Princesse N, les Trois Mousquetrices (Bébitte, Petite Lu et Taloup) le Papi, le Chevalier Y de la Popotière et Il Signore F degli Peperoni.

(Maman n’est plus là. Mieux pour elle).

Le 17 avril XXXX, je fais part de la nouvelle à tous mes proches.

Aucun d'eux ne saisit qu’on vient de me diagnostiquer un cancer.

Non pas qu'ils soient particulièrement durs de comprenure... Mais je leur baragouine une savante mosaïque de mots tournant autour du diagnostic, passant de paraboles en euphémismes, évoquant subtilement le mot tabou, sans l’atteindre ni le nommer.

Moi qui exige l’heure juste de mes médecins, sans paravent ni drap pudique, qui veux tout voir, de la tache sur la mammo à la tumeur retirée, moi qui assisterais à ma propre autopsie avec curiosité. Moi, directe et sans détour même quand il en faudrait, je ne parviens pas à annoncer cette nouvelle à mes proches en une seule et unique fois.

Attristée de l’inquiétude que je vais susciter, culpabilisée à l'idée de jeter de l’ombre sur leur journée, leur semaine, leur été, je retarde la vérité dont j’appréhende l’effet perturbant pour eux.

Comme si, les heures passant, elle allait surgir d’elle-même de ma version soft aux coins arrondis et aux couleurs diluées. Ou mieux, disparaître.

Chaque fois que je décroche le combiné, la mère, la sœur aînée et la fille en moi bâillonnent la patiente terrifiée et servent la version édulcorée. Il faudra tout recommencer, une fois la première tournée faite, pour donner enfin l’heure juste. Et rassurer, avec les bonnes nouvelles qui figurent toujours parmi les mauvaises.

Entretemps, elle fait des ronds dans l’eau ma fausse vérité, et sème une inquiétude sourde, parce que sans visage.

L'annonce aux amis et aux collègues, contrairement à celle aux proches, s'avère très facile.

Aurais-je dû faire autrement avec les principaux occupants de mon coeur? Peu importe. Ne compte désormais que la suite des choses.


Où Future patiente rencontre une Artiste

Mercredi le 25 avril XXXX, la docteure Radio-Oncologue, une grande brune, arbore un sourire radieux dans son bureau ensoleillé. Jeune médecin enthousiaste, elle appelle un chat un chat, s’excuse d’avoir la main froide et va droit au but. Même immobile, elle dégage l'énergie du mouvement.

La radiothérapie est son instrument de musique. Elle en joue avec ferveur et conviction. Son but: toucher ma corde sensible, la région de la tumeur, et l'anéantir au millimètre près.

M’explique. Environ un mois après la chirurgie, elle brandira son archet et irradiera le lieu du crime de rayons ioniques. Il en résultera une cacophonie d'une telle intensité que les cellules cancéreuses présentes dans l'auditoire mourront foudroyées, les mains sur les oreilles.

J’aurai droit à cinq concerts par semaine, quatre semaines durant. Au bout de 20 séances, je serai à l’abri de toute pré-future-micro-cellule-potentiellement-cancéreuse-un-jour, autour du site de la tumeur actuelle.- Des questions?
Mmmm... j'en aurais bien une toute petite en effet.

Déjà lectrice compulsive en temps normal, j’avoue avoir lu quelque peu sur Internet récemment (notamment les sites à jour des gouvernements de la France, des États-Unis, de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et du Québec ayant trait au cancer du sein, sans oublier, il va sans dire, celui de l’Organisation Mondiale de la Santé).

Je n’en suis qu’à la phase d’alphabétisation en cancérologie amateure, mais me familiarise peu à peu avec les grands concepts. Or, à la suite de mes lectures, une toute petite chose de rien du tout me titille un peu, oh à peine, sans motif raisonnable, mais tout de même, je préférerais en avoir le cœur net...

- Pardonnez-moi, docteure, si je fais preuve d'un alarmisme excessif, mais dites-moi… y a-t-il la moindre, possible éventualité, le moindre risque, même infime, que la docteure B, ma chirurgienne bien-aimée, procède, lors de la chirurgie de mardi prochain, à l’ablation totale de mon sein droit???

Réponse tout de go :

- Oui, bien sûr.

Bouche bée je suis. Cette fois ni chaloupe verte, ni explosion de couleurs dans mon cerveau pour amortir le choc. Je suis là, dans le soleil, la bouche ouverte. Docteure Radio-Onco attend mes autres éventuelles questions.

(On jurerait qu'elle vient tout bonnement de m’annoncer qu’il reste bel et bien du pâté chinois.)

- Oui, si en ouvrant, la docteure B juge préférable de faire une mastectomie complète, ajoute-t-elle aimablement.

(Sur le ton de : Bien entendu, s'il est refroidi, la cuisinière pourra décider de le réchauffer au micro-ondes /le pâté/.)

Je me mets subitement à bredouiller des bouts de phrases confus, érigés en une langue incohérente: mais-maispas-pas-pas madri porchain? pas du tremier coup? pas chans que je le chache avant? elle attendrirait que je me réveille pour m'afertir avant dl'enfler? me lesterait du temps pour me taire à l'idée?…

Heureusement, docteure Radio-Onco parle couramment l'Incohérent.

- Oh vous savez, même si vous vous réveillez mardi porchain avec votre sein droit toujours en place, rien ne garantit qu’elle ne l'enlèvera pas plus tard; on préfère toujours ne faire qu’une seule chirurgie, avec les risques que cela comporte…
Ce détail trivial étant réglé, interprétant ma bouche toujours bée comme une admission de l'évidence, la docteure Radio-Onco, grande, brune, et de surcroît efficace, complète l’entrevue avec l’énumération des effets secondaires de la radiothérapie.

- Parfois une grande fatigue, une légère brûlure de la peau de type coup de soleil, un risque minime de toucher le poumon derrière le sein droit, n'occasionnerait qu'une légère toux, ainsi qu’un très très léger risque de toucher une petite partie du cœur, mais rien de sérieux. Au bilan, une excellente prévention contre la récidive, hantise de l'oncologie.

Je quitte l’hôpital les sourcils froncés, et dressant la liste des choses à faire d'ici mardi prochain 1er mai XXXX, jour de ma chirurgie:
  1. Voir ma psy;
  2. Me convertir au bouddhisme;
  3. Me détacher des biens terrestres, et en particulier de ma modeste, mais néanmoins à ce jour, double poitrine.

mercredi 11 juillet 2007

Où je redescends du Mont Adrénaline avec (presque) tous mes morceaux.

Toujours le lundi 16 avril. 

Les lèvres rouge cerise s’immobilisent.

Les trois derniers mots résonnent dans ma tête quelque temps, puis j'atterris brutalement dans le bureau vert pâle de la docteure Bistouri.- La semaine prochaine.
Vous m'opérez la semaine prochaine? Je ne reconnais pas ma voix, on dirait qu’elle provient d’un vieux magnétophone à ruban. Au ralenti.

Ces trois mots frappent plus dur que le mot tabou, cancer. Ils le matérialisent, là, tout de suite. Tout de suite.

Pas le temps d’apprivoiser l’idée, de la lancer en l’air comme un moineau de badminton, de l’examiner sous tous ses angles tandis qu’elle voltige, de retaper dessus pour l’envoyer loin, gagner quelques secondes, préparer la réplique.

Au fait, quelles sont les règles de ce nouveau jeu? Pas le temps, pas le temps. La partie est commencée. Faudra apprendra en jouant.

Dans un ultime essai de repli stratégique, la voix enregistrée au ralenti demande si on peut reporter çà un peu, un tout petit peu…
(Et se retient d’ajouter : je sais pas moi, après l’été par exemple, le temps d’aller à la mer! Tellement longtemps que je l’ai pas vue, entendue, regardée avec crainte, effleurée du bout des orteils, finalement affrontée en enjambant les vagues et en plongeant tête première, moitié délice, moitié terreur, dans l'écume qui lève, lève, lève.)
Rien qu'un peu?

(Et puis, z’ont pas des listes d’attente interminables, les hôpitaux, à en croire les nouvelles? Et j’aurais pas le droit d’être au bout d’une interminable liste d’attente comme tout le monde?)

Lentement, la docteure Bistouri lève les yeux de mon dossier, se tourne vers le calendrier et réfléchit.
- Si vous préférez, je peux vous opérer dans deux semaines, le mardi 1er mai. Mais pas plus tard.
Ses yeux se fixent droit dans les miens pour ajouter:
- Ce ne serait pas raisonnable.
Devant l’incontournable, mon cerveau lance le logiciel de traduction simultanée couleurs-mots. Dommage pour le joli tableau. Bien envie de rester suspendue à me balancer dans la boucle rose, tête en bas.

Ne pas se poser comme un papillon insouciant sur le rouge à lèvre rouge cerise, ne pas se réfugier dans le tic tac de l’horloge. Demeurer là, accueillir la nouvelle réalité. Faire face. Les yeux dans les yeux. Le taureau par les cornes et autres clichés animaliers de minotaures affrontés et vaincus. Tout peut servir, ne pas sous-estimer la puissance de l’image mythique.

Faut pas faire la difficile quand on vous annonce votre date d’expiration probable à moins d’intervention immédiate. Négocier le négociable, s’adapter au reste.- Vous savez, vous avez de la chance d’avoir été dépistée au stade précoce.
Ah bon? J’avais pas pigé, là. Vu comme çà... on débouche le Bordeaux!

Vous disiez? Au stade précoce?…

Après la stupeur, l’instinct de survie. Un tsunami déferle sur moi et m’insuffle une vigueur insoupçonnée. C’est la mer qui vient à moi cette année.
En toussant pour recracher l’écume avalée, j’aperçois mes petits-enfants à naître, tous ces livres pas encore lus, ces repas à partager, ces lettres à écrire et à recevoir. Quand mes pieds touchent le fond, la vigueur de mon élan pour remonter me surprend.

HEY! YOU UP THERE!
OR DOWN HERE?
OR ANYBODY ANYWHERE!
(et me rappelant que je suis athée)
OR YOU, NOBODY NOWHERE!
I NEED TIME! AND I WILL FIGHT FOR IT!

Je vous écoute, docteure Bistouri.

Elle explique.
- La forme du cancer : un carcinome canalaire, le plus courant, 70% des cas, formé dans les canaux galactophores.

Peut se présenter sous deux formes: une forme insitu (localisée) ou invasive (qui se répand dans les tissus du sein, puis migre vers d’autres parties de l’organisme via le système lymphatique et/ou le sang, pour former éventuellement des métastases.).

Laissez-moi deviner : la mienne est invasive et profiterait volontiers de mes vacances à la mer pour voyager à son tour vers mon foie, mes os, mes poumons ou mon cerveau? (Les quatre Club Med de prédilection du cancer du sein).

La docteure B pointe son index vers moi et s'écrie:
- Bingo! (Bon bon, je le concède, ni index pointé, ni bingo).

Les lèvres rouges poursuivent.
- La taille de la tumeur semble à un stade précoce, mais on ne la connaîtra de façon certaine qu’à la chirurgie.Elle est hormonodépendante, comme la majorité des cancers du sein. Une bonne nouvelle. Elle répondra bien au traitement anti-hormonal, cela nous procure une arme de plus.
Ouf. À quelle heure la récré déjà? Si on faisait une mini-pause, histoire d'inspirer par le nez? La docteure Bistouri ne doit pas faire de yoga. Elle reprend.- Autres données fournies par la biopsie. Le grade: sur une possibilité de 3 degrés, mesurant l’agressivité de la tumeur et sa propension à se propager, votre tumeur est de grade 2.
Au beau milieu de l'échelle, ni plus, ni moins.

- Ah oui, une bonne nouvelle (tout de même) : le HER2 est ressorti négatif.

La chirurgienne s’attendait à mon regard en forme de ??? Elle poursuit.- Chaque cellule saine du sein contient deux copies du gène HER2. Il arrive parfois qu'il y ait trop de copies dans une cellule, ce qui engendre la surproduction de la protéine HER2.

On parle alors de HER2 positif, ce qui n'est pas votre cas et c'est une bonne nouvelle; signifierait un plus mauvais pronostic (chances de survie sans récidive dans 10 ans), une agressivité plus élevée de la tumeur et... des traitements en conséquence.

Toute à la joie inopinée de me savoir HER2 négative, et exemptée des inquiétants traitements en conséquence, je n’insiste pas pour en connaître les détails. En comparaison, la chirurgie devient soudain une formalité anodine, voire une partie de plaisir.

Je conserve les deux semaines de répit qu’on m’accorde, mais tout voyage à la mer est désormais relégué dans un futur accessoire. C'est fou la capacité humaine à se revirer sur un dix cennes.

Combien de temps l’arrêt de travail?- Eh bien, pour ce qui est de la chirurgie environ deux semaines, si tout se passe bien.
Et que peut-il se passer... d’autre?
- Parfois la tumeur est plus grande que prévue, par rapport à ce qu’on a décelé à la mammo.
J'en déduis qu'en pareil cas l’arrêt de travail est un peu plus long. La bouche rouge cerise reprend.
- Un mois après la chirurgie, vous recevrez des traitements de radiothérapie. Nouvel arrêt de travail. Environ 2 mois.
Et comment se déroule la chirurgie?
- Je retirerai la tumeur ainsi qu’ une marge autour. De plus, je dois retirer un ganglion sentinelle dans l’aisselle. Vous aurez deux cicatrices.Ganglion sentinelle?
- Autrefois, on retirait tous les ganglions axillaires. Maintenant, une nouvelle technique en médecine nucléaire permet d'identifier le ganglion sentinelle, soit le premier d'une sorte de chaîne de ganglions du système lymphatique. On ne retire que celui-là dans un premier temps. On l'analyse en pathologie.Si on ne trouve aucune cellule cancéreuse dans le ganglion sentinelle, cela signifie que le cancer du sein ne s’est pas encore propagé aux autres ganglions lymphatiques (l’entrée de l’autoroute vers les métastases). On épargne ainsi les petits amis ganglions qui suivent, lesquels poursuivront leur mission d'empêcher les infections au bras, en cas de coupure et autres joies de la vie.
Et si le ganglion sentinelle est atteint?
- On doit réopérer et retirer tous les ganglions axillaires. Risques d’infections accrus, mais chances de survie aussi.
À la guerre comme à la guerre. C'est tout...?

- Non. Pause. Après l'analyse pathologique de la tumeur et du ganglion retirés à la chirurgie, on pourra établir le plan de traitement.
Le plan...? Je croyais qu'on arrivait à la conclusion et vous me parlez du plan?

Regard compatissant de la docteure B.- Dans tous les cas, ganglions négatifs ou positifs, on vous opère et vous recevez de la radiothérapie. Habituellement 20 traitements.

De plus, vous recevrez une antihormonothérapie: soit par le médicament Tamoxiphène pendant 5 ans, soit par l’ablation des ovaires, suivie du médicament Arimidex. On préfère généralement la seconde option, plus efficace pour contrer les méchants oestrogènes, lesquels constituent un danger accru de récidive, ou de nouveau cancer du sein une fois qu'on a déjà donné. Donc possible chirurgie gynécologique.

Et en cas de ganglions positifs?- Dans ce cas, à tout ce que j'ai déjà décrit, s’ajouterait... la chimiothérapie.

La ...

Subitement le logiciel de traduction couleurs-mots de mon cerveau tombe en panne.

J'aperçois une petite chaloupe sortant du mur vert pâle derrière la docteure Bistouri. Je saute dedans, me roule en boule et m’endors pour au moins, je l'espère, cent ans.

Je suis une princesse rebelle dans sa chaloupe de bois dormant.

Et surtout, dans un monde où le mot chimiothérapie n’existe pas.

À suivre.

Image: Chantal Bourgeois, Vague métallique.
Carnet urbain, 2006

vendredi 6 juillet 2007

Où j'atteins le sommet du Mont Adrénaline

Le lundi 16 avril, la docteure B, chirurgienne en oncologie, porte un sarrau blanc sur un chemisier rouge vif.

Le ruban rose y trône curieusement épinglé à l'envers, tête en bas, signe d'un horaire surchargé.

Son regard cherche le mien, amorce douce et silencieuse évinçant toute légèreté de l'entretien à venir. Le diagnostic est nommé avant de l'être.

Sa bouche se met à se mouvoir en énonçant des sons. Je la contemple, subitement fascinée par son rouge à lèvres cerise, par la tache blanche du sarrau, la boucle rose du ruban.

La rondeur des lèvres, le carré du sarrau, la courbe du ruban. Un très joli tableau.

Je pense à Noel Burun, ce personnage souffrant d'hypermnésie de type synaesthete, créé par Jeffrey Moore dans The Memory Artists (Viking Canada, Toronto, 2004.). Sa pathologie consistait à percevoir les mots et les paroles prononcées comme des explosions vibrantes de couleur et non comme des sons chargés de significations.

Petite, chaque jour de la semaine m'apparaissait comme une page de couleur, sur laquelle s'inscrivaient différentes activités: dimanche et lundi affichaient une page blanche, mardi une page orange, mercredi verte, jeudi bleue-marine et vendredi brune.

Il m'amuse de constater, à rebours, que le samedi suscitait dans mon esprit une image indigo, telle qu'issue de l'indigotier, l'arbuste dont on extrait une teinture utilisée pour colorer les jeans.

Et ainsi de suite pour les mois de l'année et les saisons. Les noms des élèves de la classe évoquaient une combinaison plus complexe de fréquences d'ondes lumineuses, cette notion perceptive que nous appelons couleur.

Rouge, blanc, rose.

Telle est l'image cristallisée de l'instant précis où la docteure B m'annonça qu'elle m'opérait la semaine suivante pour un cancer du sein.







Image: Chantal Bourgeois, Tableau amérindien.
Carnet Urbain, 2006

http://www.bourgeois.tv/

mercredi 4 juillet 2007

Où Future Patiente escalade le Mont Adrénaline.

Le lundi 29 janvier, Future Patiente subit sa première mammographie à la Clinique du sein. L'esprit ailleurs, scotché au travail: un nouveau groupe à former, des détails de dernière minute à résoudre, le matériel, le plan de formation...

Sur la mammo, rien à dire. Pas le moindre soubresault d'inquiétude. Routine destinée à rassurer la docteure W, cette grande inquiète, relativement à un tout petit nodule de rien du tout au sein gauche, à peine de la taille d'un smarties.

Future Patiente répond distraitement aux questions de la technicienne en radiologie; non ça ne fait pas mal, oui l'hiver est long.

Le 19 février, Future Patiente rencontre la docteure W à la demande de cette dernière. Voilà qui est contrariant. Depuis quand les médecins initient-ils les rendez-vous?

La docteure W lit le rapport à haute voix. Le nodule au sein gauche paraît être un simple fibroadénome, rien d'affolant: une échographie permettra de distinguer sa nature solide (inquiétante) ou liquide (bénigne).

Par contre, le radiologue a détecté des microcalcifications suspectes au sein droit: il recommande un cliché agrandi. Future Patiente hausse le sourcil droit. Des microquoi? Jamais entendu parler. Explications divulguées: dépôts de calcium dans le sein, parfois signe précoce de quelque chose à surveiller. Entre 10% et 15% des femmes doivent subir des examens additionnels après une mammographie. Bon, j'ai des ptit'zamies! Toujours eu un penchant pour minorités et marginaux.

La Clinique du sein vous contactera pour vous convoquer aux nouveaux examens. Rehaussement du sourcil droit: même les rendez-vous hospitaliers se précipitent à ma rencontre? La chirurgienne vous verra après les tests. Chirurgienne? Alors là, froncement de sourcils, carrément.

Le 28 mars, Future Patiente subit une seconde mammo au cliché agrandi et une échographie en matinée. Elle rencontre le radiologiste qui se fait rassurant: le fibroadénome à gauche s'avère bénin.

Quant au côté droit... 80% des microcalcifications suspectes s'avèrent bénignes. Cependant, on ne peut faire l'économie d'investiguer davantage: si jamais, au bout de six mois, une tumeur maligne était finalement diagnostiquée, vous nous reprocheriez, avec raison, ... etc. Il recommande une biopsie. Un prélèvement de tissu du sein pour en faire l’analyse pathologique et permettre un diagnostic précis.
 
En après-midi, rencontre avec la docteure B, chirurgienne en oncologie. Elle réitère les statistiques; probabilité élevée de figurer dans le 80%, mais... etc. Une biopsie avec l'appareil Mammotome est requise. Déterminera bénignité ou malignité du foyer de microcalcifications au sein droit: autrement dit, si cancéreux ou pas.

Can... Personne n'avait encore prononcé ce mot. Pour la première fois depuis janvier, l'esprit de Future Patiente réintègre son corps et devient Je, ici, maintenant. Envolés les élèves, le plan de formation, les collègues: relégués dans le grand tiroir étiquetté second plan.
 
Où Future Patiente devient une première personne du singulier.

Le lundi 2 avril,  biopsie au Mammotome: me voici couchée sur le ventre, sur une table spéciale dotée d'un trou, au travers duquel passe le sein droit, dans le vide, vers le bas. La table est ensuite hissée vers le plafond, avec moi dessus, de sorte que la tête du radiologiste, debout à côté de la table, arrive juste à la hauteur de mes yeux. La technicienne et lui s'assoient sous la table pour l'intervention.

Sensation d'être une voiture au garage. Le garagiste explique à la voiture ce qu'il s'apprête à faire. La voiture se retient de rire: après tout, l'heure est grave.

Le garagiste localise la lésion à l’aide de radiographies reliées à un ordinateur et procède à la biopsie sous anesthésie locale. L'appareil au mammotome utilise une aiguille qui pratique une insertion et prélève, par aspiration, les microcalcifications suspectes. (Je pouffe: le garagiste passe l'aspirateur dans la voiture! La technicienne me demande si ça va. Pffff... fvvoui, hihihi! Je m'efforce de trouver la situation dramatique. Et repouffe. Tanpis pour la réputation de ma santé mentale. Dans ma posture, toute dignité est déjà perdue!)

Soudain, une douleur vive, malgré l'anesthésie: le radiologue et la technicienne s'agitent: petit accident de parcours, rare, une rupture d'un petit vaisseau et un saignement intempestif empêchent le médecin de voir clair et de poursuivre le prélèvement.

Heureusement, il avait déjà réussi à retirer quelques microcalcifications. Le pathologiste va être en mesure de faire son travail: cancéreux, ou pas? Réponse à venir dans deux semaines.

En attendant, la technicienne doit colmater la mini-plaie, qui saigne toujours. On redescend la voiture et nous jetons un coup d'oeil à la fuite: un jet dru! Surgit une image lointaine: Ding et Dong le film (par Alain Chartrand, Québec, 1990), un personnage d'actrice de théatre joue une dulcinée blessée à mort. Pour simuler le sang coulant de son sein, un tuyau est installé sous le costume, branché à un distributeur de liquide rouge, le faux sang. Quelqu'un perce le tuyau sous la robe par mégarde, le faux sang se met à gicler partout, dru, intarrissable, et une mêlée générale s'ensuit, laquelle m'avait laissée perplexe mais que ma tendre moitié avait jugé digne de la commedia dell'arte. J'imagine la première page d'un tabloïd demain matin: Morte au bout de son sang à la Clinique du sein! Sourire. La technicienne répond à ma grimace: elle en a vu d'autres.

Suivent deux semaines d'alternance entre un Je inquiète (dans le 20%?) et un Je zen (mais non, dans le 80%, calmes-toi pompon). Inconfort de l'incertitude. Période ponctuée par une augmentation significative de mes séances de jogging et de yoga. Vivement le 16 avril.


Image: Chantal Bourgeois, Éclat 2.
Exposition Carnet Urbain, 2006

Où débute l'aventure de Future Patiente.

Le lundi matin 15 janvier, la docteure W, omnipraticienne dans un CSLC, effectue l'examen annuel des seins de Future Patiente tout en devisant de tout et de rien.

La conversation, au demeurant fort sympathique, n'écarte pas la docteure W de son attention minutieuse à l'examen.

La docteure W évoque ensuite la pertinence d'une mammographie, compte tenu de l'aspect indéchiffrable de certains nodules pressentis à l'examen. Future Patiente n'a pas encore atteint l'âge de 50 ans, marquant le début, au Québec, des mammographies systématiques aux deux ans.



Mais la docteure HW préconise une approche préventive en ces matières. Elle incite Future Patiente à ne pas reporter la prise de rendez-vous, même si aucune inquiétude sérieuse ne plane.



De retour au bureau, Future Patiente tombe par hasard sur la requête pour mammographie en fouillant dans son sac en après-midi. La classe machinalement sur le dessus d'une pile de À FAIRE. Se ravise, le reprend, comme si la docteure HW l'observait, et compose le numéro de la Clinique du sein. Rendez-vous fixé, note à l'agenda, affaire classée.



Ainsi s'achève l'épisode somme toute banal du 15 janvier. La narratrice présente ses plus plates excuses pour la piètre montée dramatique de ce récit.



Toutefois, leur narration s'inscrit dans un nécessaire hommage à la docteure W, et à son choix du réseau public de la santé pour y exercer une médecine de haute distinction.



Future Patiente l'ignore encore, mais la vigilance de sa docteure préférée se traduira pour elle en une augmentation drastique de chances de survie et de guérison à long terme. Et que dire de la différence entre une simple tumorectomie (retrait de la tumeur et du ganglion sentinelle) et une mastectomie complète (ablation du sein et des ganglions axillaires)?






Image: Joan Miró, The White Glove, 1925.
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